Apprendre à lire... sans avoir le temps de rêver

Si l'Education Nationale faisait davantage confiance aux enseignants et aux enfants pour apprendre à lire, écrire, compter... Mais ça n'est toujours pas à l'ordre du jour. Le système scolaire français est déjà stressant et notre cher Ministre en rajoute une couche. Abandon de la méthode globale au profit de la syllabique : Pas de révolution de ce côté là (les enseignants n'utilisent plus la méthode globale depuis longtemps). Mais à la fin du CP, tous les élèves devront avoir acquis "les techniques du déchiffrage et les automatismes" de la lecture. Pas question de rigoler : Dès le CE1, évaluation (elle avait lieu jusqu'à maintenant en CE2), et ceux qui sont à la traîne auront droit à "des programmes personnalisés de réussite éducative".

Et si l'échec scolaire n'était pas tant une question de méthode (globale ou syllabique) que le résultat d'un système rigide qui élimine progressivement les moins aptes à se bourrer le crâne à toute vitesse ?

Au CP, mon fils adorait aller à l'école parce qu'à la récré il échangeait des billes et des cartes Pokémon avec les copains et que le prof de gym l'avait nommé chef d'équipe. Mais j'étais convoquée tous les 4 matins parce qu'il ne "rentrait pas dans les apprentissages". Je suggérais qu'il n'était peut-être pas prêt, que certains bambins roulent sur un vélo à deux roues à 3 ans, alors que d'autres à 6 ans ont encore besoin des petites roues, qu'il avait encore le temps d'apprendre à lire... Mais non. Il a fallu s'engager dans un plan de bataille : Psy scolaire, psy privé, 2 ans d'orthophonie au motif de dyslexie à l'écrit (presque la moitié de la classe de CP allait chez l'orthophoniste, bonjour le déficit de la sécu !) Au final : Pas sûr qu'il ne soit pas arrivé exactement au même point -c'est-à-dire maintenant en 4ème - sans tout ce tremblement.

Les responsables de l'institution scolaire, si empressés d'édicter des normes et de mobiliser les psy, ne pourraient-ils pas méditer les réflexions de la psychothérapeute Etty Buzyn "Est-il pensable, est-il même souhaitable, que tous les enfants fonctionnent de façon identique pour entrer dans les normes de notre système éducatif ? Nous savons pourtant qu'un enfant ne peut pas se montrer également performant dans tous les domaines à la fois, qu'il privilégie l'un d'eux à un moment donné, au détriment d'un autre qu'il développera plus tard, quand il se sentira prêt pour cet apprentissage... Mais rien n'y fait et seule compte la référence à la norme supposée prédire l'avenir d'un enfant qui entame à peine sa scolarité. A quand le test à la naissance, qui déterminera le profil du comportement et des compétences futures du nouveau-né !" ?

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Comments

[kristof]

Tout à fait d'accord avec cette manie que toujours on a de vouloir MOULER tout le monde. C'est vrai qu'il est souvent plus facile et beaucoup moins cher de se référer à une NORME pour suivre une direction. Mais n'est-ce pas la DIFFERENCE qui fait la richesse des individus ?!
L'école exclus encore trop par soucis économique. Beaucoup d'élèves voudraient qu'on ne s'occupe que d'eux personnellement ... et avec leur rithme d'apprentissage ...

Un enseignant en Bac & BTS qui voudrait REmotiver ses élèves qui sont devenu "mauvais" par habitude ! (La vie est riche si on y participe)